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Les parties du livre "Le Week-end" de Bernard Schlink avec le personnage d'Ulrich, joué par Tobias
Die Teile vom Buch " Das Wochenende " von Bernard Schlink mit der Figur von Ulrich, das von Tobias gespielt ist
Mais en montant l?escalier, ils croisèrent Ulrich avec femme et fille. Le petit Ulrich avec une grande femme et une grande fille. Salutations, embrassades. Henner se laissa entraîner sur la terrasse. Il retrouvait cet Ulrich vibrionnant et tapageur qui l?agaçait déjà autrefois et il était gêné de voir sa femme rire en rejetant la tête en arrière et sa fille ? longues jambes croisées, jupe courte, haut minimal, bouche boudeuse ? prendre des poses provocantes et ennuyées.
« Pas d?électricité ? il faudra aller nous asseoir dans ma voiture si nous voulons écouter le Président de la République. On a dit aux nouvelles, tout à l?heure, que ce sera lui qui prononcera le discours de dimanche à la cathédrale, à Berlin, et je suis prêt à parier qu?il annoncera la grâce de Jörg. C?est très correct, je dois dire, très correct qu?il le fasse alors que Jörg est déjà sorti et a pu se chercher un coin où aucun reporter et aucune caméra ne le trouvera »
Ulrich regarda autour de lui et poursuivit :
« Pas mal, ce coin, pas mail. Mais il ne pourra tout de même pas s?y cacher éternellement. Sais-tu ce qu?il a l?intention de faire ? Dans l?art et la culture, on prend des gens comme lui, comme assistant décorateur ou pour l?éclairage ou comme correcteur d?épreuves. Il pourrait commencer dans un de mes labos de prothèses dentaires, volontiers, mais il ne trouvera pas ça assez chic. Je ne vous en veux pas, mais du fait que j?ai laissé tomber les études pour devenir prothésistes, vous m?avez toujours un peu méprisé. »
Là, encore, Henner eut du mal à se rappeler. Ulrich était régulièrement de toutes les manifs, et le jour où ils avaient aspergé un homme politique avec de l?acide butyrique, c?est lui qui avait fournir ce liquide inoffensif, mais à l?odeur infecte. Méprisé ? A l?époque, un Ulrich travaillant de ses mains aurait plutôt eu droit à leur admiration qu?à leur mépris. Henner le dit à Ulrich.
« Bon, bon. Je lis quelquefois tes papiers ? c?est super. Et les canards où tu les sors, Stern, Spiegel; Süddeutsche ? y a pas mieux. Bon, les choses intellectuelles ne sont pas devenues mon truc, je veux dire, je me tiens au courant, mais à distance, finalement. Mais pour ce qui est des choses économiques ? je crois qu?avec mes labos de prothèses dentaires, je vous bats de quelques longueurs, vous autres intellectuels. Chacun son truc, moi, toi, Jörg. C?est ce que je me suis dit, quand Christiane a appelé. Chacun fait son truc, je me suis dit. Je ne juge pas les autres. Jörg a fait des conneries, il a payé, et maintenant, ça va, il faut qu?il mette sa vie en ordre. Ça ne va pas lui être facile. Dans le temps, il ne savait pas ce que c?est que de travailler, de s?entendre avec les autres et de vivre en paix avec le monde : comment voulez-vous qu?il le sache maintenant ? Je ne crois pas qu?on apprenne ça en prison ? qu?est-ce que tu en dis ? «
Henner n?eut pas le temps de dire qu?il n?en savait rien?.
Aber auf der Treppe kam ihnen Ulrich mit Frau und Tochter entgegen. Der kleine Ulrich mit großer Frau und großer Tochter. Henner ließ sich begrüßen und umarmen und auf die Terrasse mitnehmen. Das Quirlige und Poltrige an Ulrich was ihm zuviel, wie früher, und ihn störte, daß die Frau sich darin gefiel, beim Lachen den Kopf zurückzuwerfen, and daß die Tochter mit langer, übereinadergeschlagen Beinen, kurzem Rock, knappem Top und Schmollmund gelangweilt und herausfordern posierte.
?Keine Elektrizität ? wir müssen uns in mein Auto setzen, wenn wir den Bundespräsidentern hören wollen. Vorhin kam in den Nachrichten, daß er am Sonntag die Berliner Domred halten wird, und ich wage jede Wete, daß er Jörgs Begnadigung verkünden wird. Sehr anständig, muß ich sagen, sehr anständig, daß er?s tut, nachdem Jörg schon raus ist und sich einen Fleck suchen konnte, wo ihn kein Reporter und keine Kamera finden?.
Ulrich schaute sich um.
?Kein schlechter Fleck, kein schlechter Fleck. Aber ewig kann er sich hier auch nicht verstecken. Weißt du, was er vorhat ? In Kunst und Kultur nehmen sie solche wie ihn, als Assistenten für Bühnenbild oder für die Beleuchtung oder zum Korrekturenlesen. Er kann gerne in einem meiner Denstallabors anfangen, aber das wir ihm nich schick genug sein. Nicht für ungut, aber dafür, daß ich das Studium abgebrochen habe und Zahntechniker gewordern bin, habt ihr mich immer ein bißchen verachtet.?
Wieder erinnerte Henner sich nur mühsam. Auf Demonstrationen war Ulrich regelmäßig dabeigewesen, und bein einen Buttersäure-Anschlag auf einen Politiker hatte er die harmlose, aber stinkende Flüssigkeit besorgt. Verachtung ? Einen werktätigen Ulrich würden sie damals eher bewundert als verachter haben. Er sagte es Ulrich.
« Schon gut, schon gut. Ich lese manchmal deine Sachen ? erste Sahne. Und die Blätter, für die du schreibst, Stern, Spiegel, Süddeutsche ? erste Adressen. Das Intellektuelle ist ja nun nicht so meines gewordern, will sagen, ich verfolge es, halte mich aber letztlich raus. Aber was das Ökonomische angeht ? ich glaube, mit meinen Dentallabors schlage ich euch Intellektuelle um Längen. So macht jeder seines, ich, du, Jörg. Das habe ich mir auch gesagt. Ich urteile nich über andere. Jörg hat Scheiß gebaut, hat bezahlt, und jetzt ist gut und soll er sein Leben wieder auf die Reihe kriegen. Leicht wird es ihm nicht werden. Er hat früher nicht gewußt, wie man arbeitet und mit Menschen zurechtkommt und mit der Welt in Frieden lebt ? wie soll er es jetzt können ? Ich glaube nicht, daß einer das im Gefängnis lernt ? was meinst du ? ?
Henner kann nicht dazu zu sagen, er wisse es nicht.
« -Ils sont comme ça, les juristes, dit Ulrich en riant. Ils te tournent et retournent les mots dans la bouche. Mais sincèrement, Karin, tu n?en as pas marre, quelquefois ? De chanter, prier, prêcher ; de dire des choses pieuses et profondes sur tout et le reste ? Je sais, c?est ton métier ? moi, j?en ai quelquefois marre de mon métier. »
« So sind sie, die Juristen, drehen und wenden dir die Worte im Mund herum ». Ulrich lachte. ?Aber ehrlich, Karin, wird es dir nie zuviel ? Singen, beten, predigen, über alles und jedes was Frommes und Kluges sagen ? Ich weiß, es ist dein Beruf, - auch mein Beruf wird mir manhmal zuviel? »
?..
« - Voilà ce que j?appelle une bonne réponse » dit Ulrich en opinant de la tête et en se servant de la salade de pommes de terre. En tendant le plat à Ilse, il se tourna vers Jörg « Toi, je n?ai pas besoin de te poser la question »
Jörg le regarda avec agacement, puis regarda Christiane, puis de nouveau Ulrich.
« Qu?est-ce que?
- Si tu en as eu quelquefois marre. Qu?est-ce-qui était le pire en prison ? Que tu ne manquais justement pas de temps, que tu en avais trop, et trop peu de choses à faire ? Que tu étais toujours au même endroit ? Les autres détenus ? La privation d?alcool ? De femmes ? Tu avais une cellule individuelle, j?ai lu ça quelque part et tu n?étais pas forcé de travailler, c?est déjà un moindre mal, non ? «
Jörg s?efforçait de trouver une réponse et se mettait à parler avec les mains. Christiane intervint :
« Je ne trouve pas que ce soient des questions à poser là, maintenant. Laisse-le finir avant d?arriver, avant de le cuisiner.
- Christiane, l?éternelle grande s?ur. Tu sais la première chose qui m?est revenue en mémoire, quand tu m?as invité ? Ta façon, quand on s?est rencontrés il y a trente ans, d?être toujours à ses côtés, d?avoir toujours un ?il sur ce qu?il faisait. J?ai d?abord cru que vous étiez un couple, et puis j?ai compris que tu étais la grande s?ur surveillant le petit frère. Laisse-le parler. Karin nous a parlé de sa vie de pasteur, je vous parlerai volontiers de ma vie de prothésiste, si vous voulez, et il peut bien nous parler de sa vie en prison. »
Ilse et Henner se regardèrent. Ulrich parlait d?un ton détaché. Mais il y avait dans ses propos comme dans ceux de Christiane quelque chose d?incisif, comme à fleurets mouchetés. Quel était l?enjeu du combat ?
« Tu ne voudras pas parler de la torture par isolement, personne ici ne voudra en entendre parler. Ni de la privation de sommeil ni de l?alimentation forcée ni des séances de brimades ni de la cellule de sécurité. Ensuite, une fois que j?ai remporté le combat pour des conditions de détention normales? » Jörg eut un rire?..
Ulrich : - est-ce qu?en fait tu t?attendais à devoir faire de la prison ? Je veux dire : est-ce que tu t?y attendais comme un employé s?attend à être licencié ou un médecin à attraper une maladie ? Le risque du métier ? Ou as-tu pensé continuer comme ça et prendre ta retraite comme terroriste pensionné, pris en charge par les jeunes terroristes ? Est-ce que tu as,,,
- Est-ce que tout le monde a quelque chose dans son verre ? dit Eberhard de sa voix forte qui n?eut pas de peine à éclipser celle d?Ulrich.
?..
« Das nenne ich eine gute Antwort » Ulrich nickte und tat sich Kartoffelsalat auf den Telelr. Als er die Schüssel zu Ilse schob, wandte er sich zu Jörg. ?Dich muß ich gar nicht erst fragen. »
Irritiert sah Jörg Ulrich an, dann Christiane, dann wieder Ulrich « Was? »
?Ob es dir manchmal zuviel geworden ist. Was war eigentlich das Schlimmste im Gefängnis ? Daß du gerade keine Hetze hattest, sondern zu viel Zeit und zu wenig zu tun ? Daß du immer am selben Fleck warst ? Die anderen Insassen ? Das Essen ? Kein Alkohol ? Keine Frauen ? Eine Einzelzelle hast du gehabt, habe ich mal gelesen, und arbeiten hast du nicht müssen ? das ist die halbe Miete, stimmt?s ? »
Jörg rang um eine Antwort und find schon einmalan, mit den Händen zu reden. Christiane intervenierte :
?Ich finde nicht, daß das Fragen sind, die gerade jetzt gestellt gehören. Laß ihn ankommen, ehe du ihn ausfragst.?
?Christiane, die ewige große Schwester. Weißt du, was das erste war, woran ich erinnert habe, als deine Einladung kam ? Wie ich euch vor mehr als dreißig Jahren kennengelernt habe, du immer an seiner Seite, immer mit einem Auge auf das, was er gerade macht. Zuerst dachte ich, ihr seid ein Paar, bis ich verstanden habe, daß due die große Schwester bist; die auf den kleine Bruder aufpaßt. Laß ihn mal. Karin hat uns erzählt, wie?s ihr als Birschöfin geht, ich erzähle euch gerne, wie mein Leben mit den Labor läuft, wenn ihr?s hören mögt, und er kann uns von seinem Leben im Gefängnis erzählen?.
Ilse und Henner sahen einander an. Ulrich schlug einem leichter Ton an. Aber in seinem wie auch in Christianes Äußerungen lag eine Schärfe, als führten beide einen verhaltenen Kampf. Worum kämpften sie ?
?Vor der Isolationsfolter wirst du nicht hören wollen, davon wollt ihr alle nichts hören. Und vom Schlafentzug und der Zwangsernährung und der Rollkommandos und der Bunkerzelle. Danach, als ich den Kampf um normale Hadtbedingungen gewonnent hatte?? Jörg lachte auf;;;
?Hast du eigentlich damit gerechnet, ins Gefängnis zu müssen ? Ich meine, hast du damit gerechnet wie der Angestellte mit der Entlassung oder der Arzt mit eine Ansteckung ? Berufsrisiko ? Oder hast du gedacht, daß du immer weitermachts und als Terrorst in Ruhestand gehst, aufs Altenteil, wo dich dann die jungen Terroristen versorgen ? Hast du??
?Hat eigentlich jeder was in seinem Glas ?? Eherhard hatte eine kräftige Stimme, mit der er Ulrich mühelos übertönte.
?.Ilse et Henner questionnèrent la fille d?Ulrich sur son diplôme de fin d?études et ses projets professionnels. Ulrich ne lâchait pas prise :
« Vous faites comme si Jörg avait la lèpre et qu?on ne pouvait pas en parler. Pourquoi ne devrais-je pas l?interroger sur sa vie ? Il l?a choisie, tout comme vous avez choisi la vôtre et moi la mienne. En réalité, je vous trouve prétentieux »
Jörg reprit la parole, de nouveau lentement et par saccades :
« Eh bien? Je ne pensais pas à la vieillesse?.. Je crois que toute vie que tu vis dans le moment, sans être en pensées quelque part ailleurs, est bonne »
Ulrich jeta alentour des regards triomphants. Pour un peu, il aurait dit « Eh bien, vous voyez ! ». Pendant un moment, il laissa les diverses conversations suivre leur cours.
? Ilse und Henner fragten Ulrichs Tochter nach Schulabschluß und Berufsplänen.
Ulrich ließ nicht locker. ?Ihr tut, als hätte Jörg einem Aussatz, über den man richt reden darf. Warum soll ich ihn nicht zu seinem Leben fragen ? Er hat es sich ausgesucht ? genauso wie ihr eures und ich meines. Eigentlich finde ich euch überheblich ». »
Jörg setzte nochmals an, wieder langsam, wieder stockend :
« Also?ich habe nicht an das Aler gedacht? Ich glaube, jedes Leben, das du jetzt lebst und bei dem du nicht in Gedanken anderswo bist, ist gut. »
Ulrich schaute sich triumphierend um. Beinahe hätte er ?Na bitte!? gesagt. Eine Weile ließ er die einzelnen Gespräche laufen.
?.
Christiane chuchota à Jörg, qui mangeait en silence, de demander à Margarete comment elle avait découvert la maison.
Mais Ulrich lui coupa l?herbe sous le pied, en demandant d?abord à Andreas et Karin :
« Vous vous souvenez certainement encore, toi de ton premier dossier, toi de ton premier prêche. Et Ilse de sa première heure d?enseignement, et Henner de son premier article. Moi, je n?oublierai jamais mon premier bridge ; dans aucun travail intérieur je n?ai investi autant d?amour et de temps, ni appris autant pour le reste de mes jours. Qu?en est-il de ton premier meurtre, Jörg ? Est-ce que ça a été? «
La femme d?Ulrich explosa :
« Arrête, Ulrich, je te prie ! »
Résigné, Ulrich leva les bras et les laissa retomber.
« O.K., O.K. Si vous pensez que? »
Christiane flürsterte Jörg zu, der schweigend aß : « Frag Margarete, wie sie das Haus gefundet hat ! »
Aber Ulrich kam ihm zuvor ?Ihr erinnert euch sicher noch an den ersten Fall und die erste Predigt?, er nickte Andreas und Karin zu. ?Ilse an die erste Unterrichtstunde und Henner an den ersten Artikel. Ich werde nie meine erste Brücke vergessen ; ich habe in keine spätere Arbeit so viel Zeit und Liebe gesteckt und an ihr was fürs Leben gelernt. Wie war das mit dem erstern Mord, Jörg ? Hast du an ihm??
?Hör auf, Ulrich, hör bitte auf ! ? brach es aus seiner Frau heraus.
Resigniert hob Ulrich die Arme und ließ sie wieder sinken « Okay, okay. Wenn ihr meint??
Ingeborg continuait à tancer son mari : « Tu ne peux pas parler comme ça à Jörg ! Tu ne vois pas qu?il est à bout ? Il sort de prison au bout de plus de 20 ans et, au lieu de le laisser retrouver ses marques, tu le pousses à bout ». Elle regardait autour d?elle, quêtant une approbation.
Karin tenta d?être conciliante
« Je n?ai pas trouvé qu?Ulrich le poussait à bout. Mais je crois aussi que, pour le moment, nous devrions laisser Jörg tranquille avec le passé et lui donner courage pour l?avenir. Qu?est-ce qu?il envisage de faire, Christiane ? »
Ulrich ne laissa pas Christiane répondre.
« Le laisser tranquille ? S?il est une chose dont il n?a pas manqué, ces dernières années, c?est bien la tranquillité. Il a la cinquantaine ou un peu plus, comme nous tous, et sa vie, ça a été? Comment voulez-vous qu?on le dise ? Attaquer des banques, tuer des gens, le terrorisme, la révolution et la prison : voilà la vie qu?il a choisie. Et je n?aurais pas le droit de lui demander comment c?était ? C?est à cela aussi que servent les rencontres entre vieux amis : on parle du passé et on se raconte ce qu?on a fait depuis.
Karin : - Tu sais aussi bien que moi que ce n?est pas une rencontre normale entre vieux amis. Nous sommes là pour aider Jörg à retrouver une place dans la vie. Et pour lui montrer que la vie et les gens aimeront bien l?avoir de nouveau là.
- Karin, chez toi, cela fait partie du métier. Moi, je ne suis pas en mission thérapeutique. Je suis tout disposé à lui offrir un job. Tout prêt aussi à l?aider à en trouver un ailleurs. Je ferais cela pour tous les vieux amis, donc pour Jörg aussi. Le fait qu?il ait tué quatre personnes? ce n?est pas une raison pour mettre fin à notre amitié, mais ce n?est pas non plus une raison pour prendre des gants comme s?il était en sucre.
- En mission thérapeutique? Mais est-ce que tu te serais contenté de paroles, si tu avais grandi sans mère ? Si tu avais eu autant de mal que Jörg dans tes rapports avec autrui ?...
- Les terroristes, nos frères et s?urs égarés ? répondit Ulrich en secouant la tête avec une grimace, non seulement de refus, mais de dégoût. Vous croyez ça aussi ? »
Il regardait les autres.
Ingeborg haderte weiter mit ihrem Mann : « So kannst du nicht mit Jörg reden ! Siehst du nicht, daß er fertig ist ? Er kommt nach nochwaszwanzig Jahren aus den Gefängnis, und statt daß du ihn zu sich kommen läßt, maschst du ihn fertig.? Sie sah sich um, als erwarte sie Zustimmung.
Karin versuchte zu versöhnen : « Fertigmachen ? so habe ich Ulrich nicht verstanden. Aber ich glaube auch, im Moment sollten wir Jörg mit der Vergangenheit in Ruhe lassen und ihm Mut zu Zukunft machen. Christiane, was hat er vor ??
Ulrich ließ Christiane nicht antworten ?In Ruhe lassen ? Wer er in den letzten Jahren was im Überfluß gehabt hat, dann doch wohl Ruhe. Er ist Mitte oder Ende 50, wie wir alle, und sein Leben war?Wie wollt ihr?s nennen ? Banken überfallen und Leute umbringen, Terrorismus, Revolution und Gefängnis ? das war das Leben, das er sich ausgesucht hat. Ich soll ihn nicht fragen dürfen, wie es war ? Dafür sind Treffen alter Freunde da ? man redet über die alten Zeiten und erzählt sich, was man seitdem gemacht hat?
?Du weisst genauso gut wie ich, daß das kein normales Treffen alter Freunde ist. Wir sind da, um Jörg zu helfen, sich im Leben einzurichen. Und um ihm zu zeigen, daß das Leben und die Menschen ihn gerne wieder bei sich haben?
?Karin, bei dir gehört?s zum Beruf. Ich bin nicht auf eine therapeutischen Mission. Ich will Jörg gerne eine Job geben. Ich will ihm auch helfen, anderswo einen zu finden. Das würde ich für alle alten Freunde tun, also auch für Jörg. Daß et vier Leute umgebracht hat? Wenn?s kein Grund ist, die Freundschaft aufzukündigen, dann ist?s aber auch keiner, ihn als Sensibelchen zu betütern,?
?Therapeutische Mission ? Aber wären es bei dir Worte geblieben, wenn du ohne Mutter aufgewachsen wärst , Wenn du dich mit anderen Menschen so schwertätest wie Jörg ?
« Die Terorristen unsere verirrten Brüder und Schwestern ?? Ulrich schüttelte den Kopf und verzog das Gesicht zu einem Ausdruck nicht nur der Ablehnung, sondern der Abscheu. ?Glaubt ihr das auch ?? ? Er sah in die Runde.
?.. Tous entendirent le cri.
Ulrich et sa femme surent tout de suite que c?était leur fille qui avait crié. Ils regardaient de tous côtés, cherchant d?où était venu le cri.
Puis ils entendirent tous l?algarade dont retentissait le hall d?entrée. Ulrich se précipita et ouvrit grand la porte, sa femme et les autres suivirent. Debout sur la galerie, il y avait la fille, nue, et Jörg, en chemise de nuit blanche
« Couille molle ! Baiser, c?est combattre ?. T?es un mateur. T?es un gag et un mateur. »
« Je n?ai pas regardé vos seins. Laissez-moi tranquille »?
Christiane apostropha Ulrich :
« Débarrasse-le de ta fille !
- Ne fais donc pas l?importante ! »
Mais il gravit l?escalier en ôtant sa veste, la posa sur les épaules de sa fille, qu?il emmena jusqu?à la porte à un bout de la galerie.
?Hörten allen den Schrei
Ulrich und seine Frau wußten sofort, daß ihre Tochter geschrien hatte. Sie sahen sich suchend um ? woher war der Schrei gekommen ?
Dann hörten alle das Zetern in der Engangshalle ; Ulrich riß die Tür auf, seine Frau und die anderen folgten ihm. Auf der Galerie standen die Tochter, nackt, und Jörg im weißen Nachthernd
?Du Schlappschwanz. Ficken ist Kämpfen ? Du bist ein Spanner . Du bist ein Witz und ein Spanner »
« Ich hab Ihnen nich auf den Busen gesehen. Lassen Sie mich in Ruhe.??
Christiane fuhr Ulrich an ?Schaff ihm deine Tochter vom Hals !?
?Spiel dich nicht so auf ! ?
Aber er ging die Treppe hinauf, zog dabei die Jacke aus, legt sie seiner Tochter um die Schultern und führte sie zu der Tür am eine Ende der Galerie.
Ulrich était assis au chevet de sa fille. Elle avait remonté la couverture jusqu?à son menton et détourné la tête. Ulrich ne la voyait pas pleurer, il l?entendait seulement. Il pose la main sur la couverture, sentit l?épaule de sa fille et tenta de donner à sa main un poids réconfortant, apaisant. Lorsque les larmes se tarirent, il attendit un moment, puis il dit :
« Tu n?as pas à te sentir humiliée. Il n?est pas celui qui tu croyais, voilà tout. »
Elle tourna vers lui son visage noyé de larmes
« Il m?a frappée, pas fort, mais il m?a frappée. C?est pour ça que j?ai crié.
- Tu étais trop, pour lui,. Il n?a pas voulu te faire de mail, il voulait juste se débarrasser de toi.
- Mais pourquoi, je lui aurais fait du bien. »
Il approuva de la tête. Oui, sa fille avait pensé faire du bien à Jörg. Non que ç?ait été son but ; elle ne n?était pas jetée à son cou pour lui faire du bien. Ni parce qu?elle avait été soudain amoureuse de lui. Elle avait voulu coucher avec le célèbre terroriste pour pouvoir dire qu?elle avait couché avec le célèbre terroriste. Mais elle n?aurait pas voulu le faire si elle ne s?était pas dit qu?en même temps, elle lui ferait du bien, après toutes ces années de prison.
Il se rappela comment il avait lui-même collectionné les célébrités. Il avait commencé par Dutschke. Il était encore au lycée, il avait séché les cours et était parti pour Berlin où il n?avait eu de cesse qu?il ne rencontrât le leader étudiant et échangeât avec lui quelques mots sur le combat dans les lycées. Les autres pensaient qu?il était particulièrement à gauche, il ne les détrompait pas et il le croyait quelquefois lui-même. Mais en fait, il savait qu?il voulait juste les avoir rencontrés personnellement : Dutschke, Marcuse, Habernas, Mitscherlich et, pour finir, Sartre. De cela, il était particulièrement fier ; là encore, il était parti comme ça, cette fois non par le train mais en voiture, et avait attendu deux jours devant l?appartement de Sartre, jusqu?à ce qu?il puisse l?aborder, le troisième jour, et passer quelques minutes assis avec lui dans un café en buvant un expresso. Puis une femme était arrivée à leur table et il était parti ? il s?en voulait encore de n?avoir pas reconnu Simone de Beauvoir et de n?avoir pas pris congé du couple avec une remarque charmante. Il parlait bien français, à l?époque.
C?est fou tout ce qu?il y a dans les gènes, pensa-t-il avec étonnement. Cette manie de collectionneur, jamais il n?en avait parlé, elle ne pouvait donc pas l?avoir imitée, elle l?avait héritée. Il se rappela l?avoir vue, quelques années auparavant, changer les lacets de ses baskets et les enfiler dans un sens au pied gauche et l?autre à droite, de sorte que le résultat était parfaitement symétrique. Ulrich procédait exactement de même, or jamais il n?avait enseigné cela à sa fille, ni n?avait même changé ses lacets devant elle.
« Tu ouvres la fenêtre, s?il te plaît, Papa ? »
Il se leva, ouvrit la fenêtre à deus battants, faisant entrer dans la chambre l?air humide et le bruit de la pluie, puis il se rassit près du lit.
Sa fille le regarda comme si elle voulait lire sur son visage la réponse à la question qu?elle n?avait pas encore posée. Puis elle prit sur elle et dit :
« Est-ce qu?on peut partir dès demain matin de bonne heure ? Avant que je doive croiser aucun des autres ?
- On verra comment nous nous sentirons demain matin.
- Mais si je ne veux pas croiser les autres, je ne serai pas obligée ? promis ? »
Quand lui avait-il refusé quelque chose pour la dernière fois, Il était incapable de s?en souvenir. Mais il ne se rappelait pas non plus qu?elle lui eût jamais demandé de fuir. Elle voulait toujours quelque chose, une robe, un bijou, un cheval, un voyage, et il interprétait ces demandes comme l?expression d?un appétit de vivre : elle voulait toujours davantage de la vie et de ce qu?elle offre. Appétit de vivre, courage de vivre : est-ce que cela ne va pas ensemble ? Le cheval, il le lui avait volontiers offert parce que, dès sept ans, elle était une cavalière intrépide : et le voyage en Amérique avec une amie , parce que ces deux-là, à seize ans, voulaient explorer le pays en prenant les Greyhounds.
« Je t?ai toujours admirée pour ton courage, dit-il en riant. Tu es une sale gosse gâtée, mais tu n?es pas une lâche »
Elle ne l?entendait plus. Elle s?était endormie. Plus de moue boudeuse. ; son visage avait une expression de douceur, de paix, d?enfance. Mon ange, songea Ulrich. Mon ange aux boucles blondes, aux lèvres pleines, aux seins haut perchés. Ulrich n?avait jamais compris les pères qui étaient attirés sexuellement par leurs filles avant la puberté, ni Humbert Humbert qui aime en Lolita non la femme, mais l?enfant. Mais il partageait l?émotion des pères et ses enseignants que la féminité de leurs filles ou de leurs élèves laisse pantois. Il faisait plus que les comprendre, il était l?un d?eux. Il lui fallait toujours faire un terrible effort, quand sa fille lui parlait pour l?écouter effectivement et non regarder ses lèvres, pour ne par river son regard sur ses seins ßderrière elle. Et en été, quand blouses et chemises étaient profondément décolletées et que la démarche faisait sauter les seins et même frémir leur peau en petites vagues, c?était un supplice, fait de régal et de fierté, mais un supplice.
Jörg n?avait-il donc pas d?yeux pour voir ? Ou était-il borné au point de ne voir la beauté que chez la révolutionnaire idéologiquement irréprochable ? Ou était-il devenu pédé, en prison ? Ou bien avait-il perdu l?habitude ? Ulrich était content qu?il ne se soit rien passé entre sa fille et Jörg. Il savait peu de choses des expériences sexuelles qu?elle faisait. Il espérait qu?elle connaîtrait l?amour et le bonheur et qu?elle ne se ferait pas de mal. Qu?avec Jörg elle eût fait un bon choix, il ne pouvait pas l?imaginer. Mais, si content qu?il fût, il était vexé que Jörg eût repoussé sa fille. C?était idiot, et encore plus idiot qu?il eût envie de s?en venger. Il le savait, mais cela n?y changeait rien. En outre, Jörg et Christiane s?étaient toujours montrés arrogants avec lui, et il les avait toujours détestés pour cela. Simplement, il n?avait jamais su que faire de cette détestation.
Il tendit l?oreille. Sa fille ronflait tout doucement. La pluie bruissait dans les feuilles des arbres et sur le gravier devant la maison. Parfois les chéneaux gargouillaient. Quelqu?un jouait du saxophone ; on aurait dit que sa mélodie lente et triste venait de très loin. Ulrich se leva péniblement, referma l?un des battants de la fenêtre, laisse l?autre à peine entrouvert, gagna la porte sur la pointe des pieds, l?ouvrir et la referma avec précaution. Il entendait à présent plus distinctement le saxophone ; cela venait d?en bas. Il connaissait la mélodie, mais ne savait plus son titre ni qui la jouait. A l?époque, ils la sifflotaient comme signe de reconnaissance quand ils passaient se chercher. A l?époque? Plus se prolongeait cette rencontre avec les vieux amis, lui rappelant de plus en plus précisément ce qu?ils avaient voulu et fait alors, lui et eux, plus ce passé lui paraissait étranger.
Que des pans entiers de la vie puissent vous glisser ainsi entre les doigts ! Il tentait de se rappeler son enfance, son école, son premier mariage. Il parvenait à collecter des images, des événements, des ambiances. Il pouvait se dire : voilà à quoi cela ressemblait, telle chose s?est passée alors, voilà ce que je ressentais. Mais celà lui restait extérieur, comme un film, et il se sentait dupé. Alors il s?impatienta. Pourquoi faut-il, moi aussi, que je fouille dans le passé ? Je ne fais pas ça, d?habitude. Je suis quelqu?un de pragmatique. Je me soucie de maintenant et de demain.
Il ne partirait pas le lendemain
Ulrich saß am Bett seiner Tochter. Sie hatte die Decke biz zum Kinn hochgezogen und den Kopf abgewandt. Ulrich sah sie nicht weinen, er hörte es nur. Er legte die Hand auf die Decke, fühte ihre Schulter und versuchte? seine Hand eine tröstende, beruhigende Schwere zu geben. Als die Tränen versiegten, wartete er eine Weile und sagte dann : « Du mußt dich nich erniedrigt fühlen. Er ist einfach der Falsche??
Sie wandte ihm ihr tränennasses Gesicht zu ?Er hat mich geschlagen, nicht fest, aber geschlagen. Deshalb habe ich geschrien?
?Du warst zuviel für ihn. Er wollte dich nicht verletzen, er wollte dich nur loswerden?
?Aber warum ? Ich hätte ihm gutgetan?
Er nickte. Ja, seine Tochter hatte gedacht, sie würde Jörg guttun. Nicht daß das ihr Ziel gewesen ware; sie hatte sich ihm nicht an den Hals geworfen, um ihm gutzutun. Oder weil sie sich plötzlich in ihn verliebt hätte. Sie hatte mit dem berühmten Terroristen schlafen wollen, um sagen zu können, daß sie mit dem berühmten Terroristen geschlafen hatte. Aber sie hätte es nicht tun wollen, wenn sie sich nitch gesagt hätte, daß sie ihm damit auch guttäte nach all den Jahren im Gefängnis.
Er errinnerte sich daran, wie er berühmte Männer gesammelt hatte. Mit Dutschke hatte er angefangen. Er war noch ein Schüler, schwäntze die Schule, fuhr nach Berlin und ließ nicht locker, bis er Dutschke getroffen und ein paar Worte über den Kampf in die Schulen mit ihm gewechselt hatte. Die anderen dachten, er sei besonders links, und er ließ sich das gefallen und fiel manchmal selbst darauf rein. Aber eigentlich wußte er, daß er sie nur persönlich erlebt haben wollte : Dutschke, Marcuse, Habermas, Mitscherlich und schließlich Sartre. Darauf war er besonders stolz ; wieder fuhr er einfach los, dismal nicht mit dem Zug, sondern mit dem Auto, und wartete zwei Tage vor Sartres Wohnung, bis er ihn an dritten ansprechen und mit ihm ein paar Minuten im Café sitzen und Espresso trinken konnte. Dann kam eine Frau an den Tisch, und er ging - er ärgerte sich immer noch, daß er Simone de Beauvoir nicht erkannt und sich nicht beiden mit einer charmanten Bermekung als Tischgast empfohlen hatte. Seine Französisch war damals gut.
Was doch alles in den Genen steckt, wunderte er sich. Er hatte seiner Tochter nie von einem Sammeleifer erzählt, also konnte sie ihm ihren Sammeleifer nicht abgeschaut, sondern ihn nur von ihm geerbt haben. Ihm fiel ein, wie er sie vor ein paar Jahren neue Schnürsenkel in ihre Turnschuhe einfädeln sah, immer über Kreuz, am linken Schuh den nach rechts führenden Schnürsenkel über den nach links führenden und am rechten Schuh den nach links führenden über dem nach rechts führenden, so daß sie am Ende spiegelbildlich eingefädelt waren. Auch das machte er genauso und hatte er ihr nie vor ? order auch nur in ihren Anwesenheit gemacht.
?Machst du bitte das Fernster auf, Papa ??
Er stand auf, öffnete beide Fernsterflügel, ließ die kühle, feuchte Luft und das Rauschen des Regens ins Zimmer und setzte sich wieder ans Bett.
Seine Tochter sah ihn an, als wolle sie seinem Gesicht die Antwort auf die Frage ablesen, die sie noch gar nicht gestellt hatte. Dann gab sie sich einem Ruck : ?Können wir gleich morgen früh fahren ? Bevor ich einem von den anderen begnegen muß ?
?Laß uns sehen, wie?s uns morgen früh geht.?
?Aber wenn ich den anderen nicht begnegen will, muß ich nicht, versprochen ?,?
Wann hatte er ihr das letzte Mal eine Bitte abgeschlagen ? Er konnte sich nicht erinnern. Aber er konnte sich auch nicht an eine Bitte erinnern, die darauf gezielt hätte zu fliehen. Sie hatte immer etwas haben wollen, ein Kleid, ein Schmuckstück, eine Pferd, ein Reise, und er hatte die Bitten als Ausdruck von Lebenshunger verstanden : Sie kann vom Leben und allem, was es bietet, nicht genug kriegen. Lebenshunger, Lebensmut ? gehört beides nicht zusammen ? Hatte seine Tochter nicht immer die Herausforderung gesucht ? Er hatte ihr das Pferd geschenkt, weil sie mit sieben eine kühne Reiterin war, und die Reise mit ihrer Freudin nach Amerika, weil die beiden mit sechzehn das Land im Greyhound erkunden wollten.
?Ich habe dich immer für deinen Mut bewundert.? Er lachte. ?Du bist ein verwöhnstes Gör, ich weiß, aber kein Feigling?
Sie hörte ihn nicht mehr. Sie war eingeschlafen. Kein Schmollmund mehr ; ihr Gesicht hatte einen lieblichen friedlichen, kindlichen Ausdruck. Mein Engel, dachte Ulrich. Mein Engel mit den blonden Locken und den vollen Lippen und den hohen Brüsten. Ulrich hatte die Väter, die von ihren Töchtern vor der Pubertät sexuell angezogen werden, nie verstanden und auch nicht Humbert Humbert, der in Lolita nicht das Weib liebt, sondern das Kind. Aber er fühlte mit den Vätern und Lehrern, die von der Weiblichkeit ihrer Töchter oder Schülerinnen überwältigt waren. Nein, er fühlte nicht nur mit ihnen, er war einer von ihnen. Immer wieder kostete es ihn alle Kraft, seiner Tochter, wenn sie mit ihm redete, tatsächlich zuzuhören und nicht auf die Lippen zu sehen, ihr nicht auf den hüpfenden Busen zu starren, wenn sie die Treppe hinunterkam, und nicht auf den Po, wenn sie vor ihm die Treppe hinaufstieg. Und im Sommer, wenn ihre Blusen und Hermden dern Brustansatz frei ließen und ihr Gang ihre Brüste nicht nur zum Tanzen brachte, sondern deren Haut in kleinen Wellen zittern machte ? es war eine Qual, eine süße und stolze Qual, aber eine Qual.
Hatte Jörg keine Augen im Kopf ? Oder war er so verbohrt, daß er Schönheit nur in der Revolutionärin sehen konnte, bei der ideologisch alles stimmte ? Oder war er im Gefängnis schwul geworden ? Oder hatte er sich?s abgewöhnt ? Einfach abgewöhnt ? Ulrich war froh, daß zwischen seiner Tochter und Jörg nichts passiert war. Er wußte wenig von den sexuellen Erfahrungen, die sie machte. Er hoffte, daß sie Liebe und Glück erleben und keine Schaden nehmen würde. Daß sie?s mit Jörg gut getroffen haben würde, konnte er sich nicht vorstellen. Aber so froh er war ? mit der Abweisung seine Tochter hatte Jörg ihn gekränkt. Das war töricht, und es war erst recht töricht; daß er Lust hatte, sich dafür zu rächen. Er wußte es, aber es half nicht. Außerdem waren Jörg und Christine schon immer arrogant zu ihm gewesen, und er hatte sie schon immer dafür gehaßt. Er hatte mit seinem Haß nur nichts anzufangen gewußt.
Er horchte. Seine Tochter schnarchte leise. Der Regen rauschte in den Blättern der Bäume und auf dem Kies vor dem Haus. Manchmal gurgelte er in der Regenrinne. Ein Saxophon spielte; es klang als komme die langsame, traurige Melodie aus weiter Ferne. Ulrich stützte sich müde hoch, machte den eine Fernsterflügel zu, ließ den anderen einen Spalt weit offen, ging auf Zehenspitzen zur Tür und öffnete und schloß sie behutsam. Jetzt hörte er das Saxophon deutlicher, es kam von unten. Er kannte die Melodie, wußte aber nicht mehr, wie sie hieß und wer sie spielte. Damals hatten sie sie als Erkennungszeichen gepfiffen, wenn sie einander abholten. Damals ? je länger er mit den alten Freunden zusammen war, je genauer er sich daran erinnerte, was er und sie seinerzeit gewollt und gemacht hatten, desto fremder wurde ihm die Vergangenheit.
Daß einem Leben so entgleiten kann. Er versuchte, sich seine Kindheit zu vergegenwärtigen, seine Schule, seine erste Ehe. Er bekam Bilder zusammen, Ereignisse, Stimmungen. Er konnte sich sagen, so hat es damals ausgesehen, das ist damals passiert, so war mir damals zumute. Aber es blieb ihm äußerlich wie ein Film, und er fühlte sich betrogen. Dann ärgerte er sich. Warum muß ich auch in der Vergangenheit rumwühlen ? Ich mache das doch sonst nicht. Ich bin ein praktischer Mensch. Ich kümmere mich ums Jetzt und ums Morgen.
Er würde am nächsten Tag nicht abreisen.
?.
Ingeborg aussi avait été réveillée par les craquements du plancher?.Elle regarda l?heure et donna une bourrade à son mari
« Allons-nous en pendant que les autres dorment encore. »
Il secoua la tête, mécontent d?avoir été réveillé et qu?elle voulût filer à l?anglaise. Elle est belle, pensa-t-il, mais quand les choses deviennent difficiles, elle voudrait se dérober. Il la regarda. Avec son visage bouffi de sommeil, elle n?était même pas belle ; Elle insista :
« Je n?ai pas envie d?avoir honte devant les autres, ni que ma fille ait honte.
- Personne n?aura à avoir honte. Les autres vont se montrer infiniment délicats et pleins d?égards. Et ta fille, c?est aussi la mienne : elle ne se dérobe pas, elle fait front.
- Et si cela donne une engueulade ?
- Eh bien, cela donnera une engueulade ?
Se dérober, faire front, leur fille ne s?en souciait guère en se réveillant?
Auch Ingeborg wachte von den knarrenden Dielen auf. Sie hörte Ilse Schritten nach und wartete, ob noch mehr Schritte kämen und gingen. Aber es blieb still. Sie sah auf die Uhr und schubste ihren Mann. « Laß uns gehen, solange die anderen noch schlafen.
Er schüttelte den Kopf, ärgerlich, daß sie ihn geweckt habe und sich davonstehlen wollte. Sie ist schön, dachte er, aber wenn?s schwierig wird, will sie sich drücken. Er sah sie an. Mit ihrem verschlafenen Gesicht war sie nicht einmal schön.
Sie insistierte. « Ich will mich nicht vor den anderen blamieren, mich nicht und meine Tochter nicht?
?Niemand wird sich blamieren. Die anderen werden wahnsinnig rücksichtswoll und zartfühlend sein. Und deine Tochter is auch meine, une sie drückt sich nicht, sondern stellt nicht?
?Und wenn?s wieder Krach gibt??
?Dann gibt?d wieder Krach.?
Sich-Drücken, Sich-Stellen ?der Tochter war?s beim Aufwachen egal.
Il était dix heures lorsque tout le monde se retrouva autour de la table. Dorle arriva la dernière. Avec sa queue de cheval, sans rouge à lèvres, en jupe de lin et corsage assorti, elle avait un air frais et gentil?. Ulrich était fier. Sa fille s?était réinventée?
Jörg avait attendu que tout le monde soit là.
« Hier, vous avez voulu savoir toutes sortes de choses de moi, j?aimerais aussi savoir quelque chose de vous, ou plus exactement de? »
Ulrich ne le laisse pas finir :
« Mais hier, tu n?as pas dit ce que je voulais savoir de roi. Si tu répondais aujourd?hui ?
- Je n?ai pas?
- Non, tu n?as pas répondu, ensuite ma femme est venue à ton secours, et puis tu es parti te réfugier dans ton lit.
- Je ne me souviens pas de ta question, je suis désolé. Est-ce que je peux maintenant?.
- Je t?ai questionné sur ton premier meurtre. Sur ce que tu as ressenti alors. Si tu as appris alors quelque chose pour le reste de ta vie. »
Cette fois, Ingeborg n?intervint pas, et les autres aussi s?étaient résignés à ce qu?Ulrich ne lâche pas prise. Tous regardaient Jörg.
Il leva les mains comme s?il allait parler et donner plus de force à ses propos, puis les laissa tomber.
« Que voulez-vous que je vous dise ? A la guerre, on tire et on tue. Comment voulez-vous qu?on se sente ? Qu?est-ce que vous voudriez qu?on apprenne ? Nous faisions une guerre, et donc j?ai tiré et tué. Tu es satisfait, maintenant ?
- Ton premier meurtre, n?était-ce pas une femme qui n?a pas voulu te laisser sa voiture ? Alors que tu venais d?attaquer une banque et qu?il fallait que tu t?enfuies ? »
Jörg opina de la tête :
« Elle s?est cramponnée à sa connerie de bagnole?. Et ne viens pas me raconter que cette femme n?était pas en guerre contre moi, ni moi contre elle. Tu sais aussi bien que moi qu?à la guerre, il n?y a pas que les soldats qui meurent.
- Les dommages collatéraux ?
- A quoi bon cette ironie ? Dis-moi que notre guerre était une erreur, je ne te contredirai pas ? nous avons mal interprété la situation. Mais enfin, cette guerre, nous l?avons faite?
Karin regarda Jörg avec tristesse
« -Est-ce que tu le regrettes ?
- Si je regrette, dit Jörg. Evidemment?
- Je veux parler des victimes, Est-ce que tu les regrettes ?
- Regretter , Parfois ? je pense à Holger, Ulrich, à Ulrike? Enfin à tous ceux qui se sont battus et qui sont morts? Je regrette que le monde ne soit pas un endroit où ne..Bien sûr qu?il faudrait que personne ne soit obligé de se battre et de mourir, mais malheureusement, le monde n?est pas comme ça.
- C?est la faute du monde, je comprends. Pourquoi ce monde stupide ne peut-il pas être comme il devrait ? dit Ulrich en riant. Tu es vraiment attendrissant.
- Arrête avec ton ironie facile,. Tu n?as aucune idée de ce dont parle Jörg, dit Marko? C?est toi que les flics ont roué de coups ? Toi qu?ils ont flanqué au cachot, pieds et poings liés?
Combien j?ai rencontré de gens de gauche qui m?ont raconté qu?à l?époque, ils avaient failli atterrir dans la lutte armée. Ils n?ont rien fait, ils ont préféré laisser d?autres se battre et échouer, par délégation. Je comprends qu?on ait peur du combat et qu?on ne s?en mêle pas. Mais que tu fasses comme si cette guerre n?avait pas existé, cela me laisse sans voix
- Tu parles pourtant beaucoup. Pour moi, personne ne part en guerre par délégation. Et n?abat pas par délégation des femmes qui ne veulent pas lâcher leur voiture ou des chauffeurs bien obligés de conduire des P.D.G. Et pour vous ?
Ulrich regarda autour du lui. Karin hochait la tête. Elle ne voulait pas croire ce qu?elle avait entendu. En même temps, elle travaillait à concilier ce que Jörg avait dit, ce qu?avait dit Marko, ce que disait Ulrich
« Non, Ulrich, moi non plus, je n?ai demandé à personne de tuer pour moi par délégation?.
Es wurde zehn, bis alle um den Tisch versammelt waren. Als letzte kam Dorle. Mit Pferdeschwanz, ohne Lippenstift und in weitem, weißer Leinenrock und weißer Leinenbluse sah sie frisch und lieb aus.. Ulrich war stolz. Seine Tochter hatte sich neu erfunden.
Jörg hatte nur darauf gewartet, daß die Runde komplett war : ?Ihr habt gestern alles mögliche von mir wissen wollen ? ich wüßte auch gerne was von euch, genauer gesagt, von? ?
Ulrich ließ ihn nicht ausreden ?Aber du hast gestern nicht gesagt, was ich von dir wissen wollte. Wie wär?s heute ??
?Ich habe nicht??
?Nein, du hast nicht, und dann kam dir meine Frau zu Hilfe, und du bist ins Bett geflüchtet.?
?Ich erinnere mich nicht an deine Frage, tut mir leid. Kann ich jetzt? ??
« Nach deinem ersten Mord habe ich gefragt. Wie?s dir bei ihm ging. Ob du bei ihm was fürs Leben gelernt hast?
Diesmal mischte Ingeborg sich nicht ein, und auch die anderen hatten sich damit abgefunden, daß Ulrich nicht lockerließ. Alle sahen Jörg an.
Er hob die Hände, als wolle er reden und seine Worten Nachdruck geben, und ließ sie sinken
?Was soll ich sagen ? Im Krieg schießbt und tötet man eben? Wie soll es einem da gehen ? Was soll man da lernen ? Wir hatten Krieg, und also habe ich geschossen und getötet. Bist du jetzt zufrieden ??
?War dein erster Mord nicht eine Frau, die dir ihr Auto nich geben wollte ? Als du eine Bank überfallen hattest und fliehen mußtest ??
Jörg nickte : ? Sie hat ihr blödes Auto festgehalten? und komm jetzt nicht damit, daß die Frau nicht mit mir im Krieg war und ich nicht mit ihr. Du weißt so gut wie ich, daß in Krieg nicht nur Soldaten sterben?
?Kollateralschäden ??
?Was soll die Ironie ? Sag mir, daß wir den falschen Krieg geführt haben, und ich werde dir nicht widersprechen. Aber wir haben nun diese Krieg geführt.?
Karin sah Jörg traurig an
?Tut es dir leid ??
?Leid? sagt Jörg. Klar..
Ich meine die Opfer. Tun dir die Opfer leid ? »
« Leid ? Manchmal denke ich an sie, an Holger und Ulrich und Ulrike ? und an alle eben, die gekämpft haben und gestorben sind?E s tut mir leid, daß die Welt nicht ein Ort ist, an dem nicht? daß sie ein Ort ist, an dem? Also natürlich sollte niemand kämpfen und sterben müssen, aber leider ist die Welt nicht so?
?Die Welt ist schuld, ich verstehe. Warum kann die dumme Welt nicht so sein, wie sie sein soll ?? Ulrich lachte. ?Du bist wirklich ein Herzschen.?
?Hör mit deiner billigen Ironie auf. Du hast keine Ahnung, wovon Jörg redet. Haben die Bullen dich zusammengeschlagen ? Haben sie dich im Bunken an Händern und Füßen gefesselt ? ? Wie viele Linke habe ich getroffen, die mir erzählt haben, daß sir damals beinahe auch beim bewaffneten Kampf gelandet wären. Sie sind?s nicht, sie haben lieber andere kämpfen und scheitern lassen ? stellvertretend. Ich verstehe noch, daß man vor dem Kampf Angst hat und sich raushält. Daß du tust, als hätte es den Krieg nicht gegeben, macht mich sprachlos.
?Dafür redest du ganz viel. Für mich zieht niemand stellvertretend in den Krieg. Und erschießt stellvertretend Frauen, die ihre Autos nicht hergeben wollen, oder Fahrer, die Generaldirektoren rumfrahren müssen. Für euch ? ? Ulrich sah in die Rund.
Karin wiegte den Kopf. Sie wollte nicht glauben, was sie gehört hatte. Zugleich arbeitete sie daran, was er und was Marko und was Ulrich gesagt hatten.
?Nein, Ulrich, auch ich habe niemandern stellvertretend für mich töten lassen.?
?Comment était votre excursion ? s?enquit Christiane auprès des deux couples et d?Andreas.
Ingeborg raconta le monastère en ruine et une répétition de concert à laquelle ils avaient assisté
« Et puis nous nous sommes assis au bord du lac, et nous étions un peu ivres et somnolents et heureux, jusqu?au moment où ces trois-là se sont volés dans les plumes, le projet gauchiste, c?est là-dessus qu?ils se sont excités ? comme si ça intéressait encore quelqu?un aujourd?hui.
- Non trésor, dit Ulrich en s?appliquant à la patience, nous le savons, cela n?intéresse plus personne aujourd?hui. Si nous nous sommes volés dans les plumes, c?est que la question de savoir ce qui a liquidé le projet gauchiste. Toi et moi, Andreas, nous pouvons tomber d?accord. Ce furent deux choses : la façon dont les gens ont été mis sous tutelle et déresponsabilisés à l?Est, et le terrorisme à l?Ouest. Les deux ont liquidé le projet gauchiste. Mais ce que tu dis, Karin. C?est très bien, les progrès du féminisme et de l?engagement écologique ? mais trier nos ordures et avoir une chancelière chrétienne-démocrate, ça n?a rien à voir avec le projet gauchiste »
Jörg avait dû prendre sur lui pour laisser finir Ulrich :
« C?est de nouveau contre moi ? Voilà maintenant que c?est moi qui ai bousillé le projet gauchiste ? Alors que toi dans ton labo dentaire, tu y travaillais, et toi dans ton cabinet d?avocats, vous êtes vraiment de tristes c?. » Il ne prononça pas le mot, mais n?en trouva pas d?autre. « Le projet gauchiste, cela signifie avant toute chose que l?être humain peut se révolter contre la violence de l?Etat, qu?il peut la briser au lieu de se laisser briser par elle. C?est ce que nous avons montré avec nos grèves de la faim et nos suicides et nos?
- ? meurtres. Que le pouvoir de l?Etat ne vaut plus rien, c?est ce que montre toute entreprise mondialisée, qui ne paie pas d?impôts parce que, là où elle devrait en payer, elle ne fait que des pertes et que là où elle fait des gains, elle n?a pas à en payer? pas besoin pour ça de meurtres ni de terroristes. »
« Wie war euer Ausflug ? » wollte Christiane von den beiden Ehepaaren und Andreas wissen und Ingeborg berichtete von der Klosterruine und der Probe für eine Konzert, der sie zugehört hatte
?Dann saßen wir am See und ware ein bißchen betrunken und schläfrig und glücklich, bis die drei sich in die Haare geraten sind. Das linke Projekt ? darüber haben sie sich ereifert, als interessiere es heute noch jemanden,?
?Nein, mein Schatz? Ulrich redete mit bemühter Geduld, ? wir wissen, daß es heute niemanden mehr interessiert. Wir sind uns über der Frage in die Haare geraten, was das linke Projekt erledigt hat? Er wandte sich zu Andreas.
?Du und ich können uns einigen. Es war beides : die Bevormundung und Gängelung der Menschen im Osten und der Terrorismus in Westen. Beides has das linke Projekt erledigt. Aber was du sagst, Karin?. So schön die Fortschritte des Feminismus und des Engagements für die Umwelt sind ? daß wir unseren Müll sortieren und eine christdemokratische Bundeskanzlerin haben, hat mit dem linken Projekt nichts zu tun.?
Jörg hatte sich beherrschen müssen, Ulrich ausreden su lassen « Geht?s wieder gegen mich ? Habe ich jetzt auch noch das linke Projekt kaputtgemacht ? An dem du in deinen Dentallabors garbeitet hast und du in deiner Rechtsanwaltskanzlei ? Was seid ihr dich für selbstgerechte? ?Er verkniff sich die Arschlöcher, fand aber auch nicht anderes.
?Das linke Projekt heißt zuallererst, daß der Mensch sich gegen die Gewalt des Staats auflehnen kann, daß er sie brechen kann, statt von ihr gebrochen zu werden. Das haben wir gezeigt, mit unseren Hungerstreiks und unseren Selbstmorden und unseren??
?? Morden. Daß die Gewalt des Staats nichts mehr taugt, zeigt jedes global operierende Unternehmen, das keine Steuern zahlt, weil es, wo es sie zahlen müßte, nur Verluste macht und,, wo es Gewinne macht, keine zahlen muß. Dafür braucht?s keine Morde und keine Terroristen. »
;?..
Jörg n?avait pas l?air déçu mais méfiant ;
« La juste appréciation de la police n?a jamais été votre fort?. Est-ce qu?on ne voulait pas prendre l?apéritif ?
- Un instant, un instant ! dit Ulrich en levant les bras. Pour fêter cette journée, j?ai apporté une petite caisse de champagne et comme ça manque d?électricité, je l?ai mise au frais dans le ruisseau. Je reviens tout de suite »
Jörg klang nicht enttäuscht, sondern mißtrauisch
« Die Polizei richtig einschätzen war noch nie eure Stärke?.Wollen wir eigentlich nicht den Aperitif nehmen ??
?Moment, Moment !? Ulrich hob die Arme ?Ich habe zur Feier des Tages ein Kitschen Champagner mitgebracht und, weil?s mit dem Strom hapert, im Bach gelagert. Ich bin sofort wieder da. »
;?..
Margarete sourit « Peut-être est-ce ce qui fait le terroriste. Il ne peut pas supporter de vivre en exil. Son rêve d?une partie, il veut l?instaurer à coups de bombes
- Son rêve? Jörg ne s?et pas battu pour son rêve, mais pour un monde meilleur.
Dorle partit d?un rire bruyant
« Fighting for peace is like fucking for virginity, ai-je lu quelque part. Toi, avec ton éternel combat !
- L?image me plait. Mes labos et vous deux, les femmes de ma vie, voilà mon exil à moi. Enfant, je rêvais d?être un grand explorateur, le premier à traverser un désert ou une forêt vierge mais partout il y avait déjà eu quelqu?un. Plus tard, j?ai voulu être un grand amoureux, comme Roméo avec Juliette ou Paolo avec Francesca. Ça n?a rien donné non plus, mais je vous ai, vous, et j?ai mes labos ? qu?est-ce qu?un homme peut souhaiter de plus ? »
Et Ulrich envoya un baiser de la main gauche à sa femme et de la main droite à sa fille.
Margarete lächelte ?Vielleicht mach das den Terroristen aus. Er kann nicht aushalten, daß er im Exil lebt. Er will seinen Traum von Heimat herbeibomben. »
?Seinen Traum ? Jörg hat nicht für seinen Traum gekämpft, sonder für eine bessere Welt »
Dorle lachte laut heraus : « Fighting for peace is like fucking for virginity? habe ich mal gelesen. Du immer mit deine Kämpfen?
?Mir gefällt das Bild. Meine Labors und ihr beide, die Frauen meines Lebens, seid mein Exil. Als kind habe ich mich als großen Entdecker geträumt, der als erster eine Wüste durchquert oder einen Urwald, aber überall war schon jemand gewesen. Später wollte ich ein großer Liebender werden, wie Romeo mit Julia oder Paolo mit Francesca. Wurde auch nichts; aber ich habe euch und meine Labors ? was kann ein Mann mehr haben wollen !? Ulrich warf seiner Frau mit der Linken eine Kußhand zu und seiner Tochter mit der Rechten?
? Jörg se tut, puis dit enfin :
« Si je vous comprends bien, c?est la prison qui a été mon exil. J?ai appris à y vivre. Mais réconcilié ? non, je ne suis pas réconcilié avec ça.
- Enfin quoi, dit Ulrich pour arrondir les angles, outre que nous nous sommes réconciliés avec notre exil, il reste le souvenir de notre rêve et de nos tentatives pour le réaliser. Moi, je suis allé à pied de la mer du Nord à la Méditerranée, riez, ça fait malgré tout 2500 Kms et ça m?a pris plus de six mois. Je n?ai pas fait le Sahara ni l?Amazonie, mais le chemin de randonnée européen N° 1 n?était pas mal non plus, et je n?oublierai jamais comment, au Saint ?Gothard, après une nuit de froid humide sous ma tente, j?ai gravi les derniers kilomètres sous la pluie pour ensuite descendre en plein soleil vers l?Italie. »
Ulrich inaugurait ainsi, après la tournée des rêves, celle des « et vous vous rappelez ». Et vous vous rappelez quand, en allant à la réunion de Grenoble, on a couché sous la tente et on s?est retrouvés en bas de la côté, emportés par la pluie ? Et quand, pour la réunion d?Offenburg, on a fait un plat indien et on tous eu la courante ?... Chacun se souvenait d?une anecdote ou deux.
?. Jörg schwieg bis zum Schluß : ?So, wie ihr redet, ist das Gefängnis mein Exil. Ich habe gelernt, darin zu leben. Aber versöhnt ? nein, versöhnt bin ich damit nicht?.
« Na ja » ; Ulrich wollte begütigen, « außer daß wir uns mit dem Exil versöhnen, bleibt die Erinnerung an unserem Traum und an unsere Versuche, ihn zu verwirklichen. Ich bin damals von der Nordsee ans Mittelmeer gewandert, lacht nur, es sind immerhin zweieinhalbtausend Kilometer und hat mich mehr als ein halbes Jahr gekostet. Die Sahara oder den Amazonas habe ich nicht geschafft, aber der Europaïsche Wanderweg Nummer eins war auch nicht schlecht, und ich werde nie vergessen, wie ich am Gotthard nach einer klammen Nacht im Zelt die Letzten Kilometer im Regen hochgestiegen und dann im Sonnenschein nach Italien abgestiegen bin?
Damit eröffnete er nach der Träume-Runde die Wißt-ihr-noch-Runde. Wißt ihr noch, wie wir auf der Fahrt zum Treffen in Grenoble gezeltet haben und der Regen uns den Abhang hinuntergespült hat ? Wie wir beim Treffen in Offenburg indisch gekocht haben und alle Dünnschiß bekamen? Jeder erinnerte sich an eine harmlose Begebenheit oder zwei.
?
Ulrich dit à sa femme : ?Regarde, il est encore entier?. Moi, ça me suffit pour aujourd?hui. Toi aussi ? » Elle lui tendit la main, ils firent tous deux un signe de tête aux autres et ils disparurent.
Ulrich sagt zu seine frau ? Schau, er ist noch ganz. Mir langt?s für heute. Dir auch ? »
Sie reichte ihn die Hand , und beide nickten den anderen zu und gingen.
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