TOBIAS MORETTI

TOBIAS MORETTI

Der Weibsteufel in Paris

11 appréciations
Hors-ligne


https://www.facebook.com/photo.php?fbid=397182520377590&set=a.141477922614719.28162.136619239767254&type=1&theater 

"Toitoitoi für Birgit Minichmayr, Tobias Moretti, Werner Wölbern und das ganze Team: heute "Weibsteufel"-Gastspiel im Odéon -
Théâtre de l'Europe in Paris!"

Gestern Abend (Mittwoch) fand die erste Aufführung in Paris statt!
Hier soir(mercredi) a eu lieu la première représentation à Paris!
Yesterday (mercredi) the first performance took place in Paris!




1416 appréciations
Hors-ligne
:ccc:

J'étais là !! Super !! Les trois acteurs magnifiques et beaucoup d'applaudissements !!

Ich war da!! Super!! Die drei großartigen Schauspieler und vieler Beifall!!

11 appréciations
Hors-ligne


Très courte vidéo 'der Weibsteufel' in Paris.
Sehr kurzes Video von 'der Weibsteufel "in Paris
Very short video of 'der Weibsteufel' in Paris

https://www.facebook.com/147754671938064/videos/vb.147754671938064/1085479588165563/?type=2&theater

11 appréciations
Hors-ligne
:ccc:

Les sous-titres de la vidéo/ Die Untertitel des Videos


Theater aus Wien begeistert derzeit das Publikum in Paris.
2008 feierte das Stück "Der Weibsteufel" von Karl Schönherr in Wien höchst erfolgreich Premiere.
Seither zieht die Inszenierung von Martin Kusej, auch im nicht-deutschsprachigen Ausland die Menschen in ihren Bann.


Le Théâtre de Vienne enchante l'auditoire actuellement à Paris.
2008 a célébré à Vienne la Première très réussie de la pièce "La Femme du diable" par Karl Schönherr. Depuis la mise en scène de Martin Kusej attire les gens, même dans les pays qui ne parlent pas allemand.


Gestern Abend war die Premiere des Pariser Gastspiels.
00.26 : In das Pariser Odeon, den Tempel des europäischen Theaters, ... hat Theaterdirektor Luc Bondy den Weibsteufel von Karl Schönherr geholt.

00.36 ..Das Stück setzt damit seinen vor fünf Jahren begonnenen Triumphzug fort.


Hier soir a eu lieu le Première de la représentation parisienne.
A l'Odéon à Paris, le temple du théâtre européen, ... le directeur de théâtre Luc Bondy accueille 'der Weibsteufel'  de Karl Schönherr.
La pièce continue ainsi son triomphe, commencé il y a cinq ans.


M. Kusej, Regisseur:
>Mittlerweile sind wir schon durch halb Europa gereist. Es ist eine berührende und interessante Aufführung geworden für Menschen verschiedenster Kulturen.<

M. Kusej, Metteur en scène
Maintenant nous avons parcouru la moitié de l'Europe.  C'est devenu une représentation touchante et intéressante pour les personnes de cultures les plus différentes ».


00.58 Übertitel und die Exzellenz der Schauspieler lassen die Sprachbarrieren fallen.

Le surtitrage et l'excellence des acteurs font tomber les barrières linguistiques.

Marlene Tribard :
>Das war einfach großartig.<>Die Geschichte ist packend.<

Das Trio Infernal hat nun auch das französische Publikum in seinen Bann gezogen.


Marlene Tribard:
> C'était génial. "" L'histoire est passionnante.

Le trio infernal a maintenant aussi captivé le public français

11 appréciations
Hors-ligne
Un article critique du 'Monde'

[lien]

Où l'on découvre en France Martin Kusej en homme de théâtre
LE MONDE | 21.02.2013 à 14h37 - Mis à jour le 21.02.2013 à 14h48
Par Brigitte Salino

D'énormes troncs d'arbre envahissent le plateau de l'Odéon. Ils sont en vrac, les uns sur les autres, comme dans un jeu de mikado.  Au fond des vallées, on en voit, ainsi jetés, et ils s'inscrivent naturellement dans le paysage des montagnes et des sapins. Là, au théâtre, ils introduisent un déséquilibre : les comédiens doivent les dompter pour jouer. Privés de l'assurance d'un sol plat,
et limités dans leurs mouvements par les aspérités et les creux profonds, ils semblent pris dans un paysage mental qui les dépasse.

DIRECTION ARTISTIQUE DU RESIDENZTHEATER DE MUNICH

Et c'est bien ce que raconte la pièce qu'ils jouent, Der Weibsteufel (Le Diable fait femme), de Karl Schönherr, mise en scène par Martin Kusej.

Paris connaît le metteur en scène autrichien surtout pour ses productions lyriques, en particulier Lady Macbeth de Mzensk,  de Chostakovitch, présenté en 2009 à l'Opéra Bastille. Le Diable fait femme permet de découvrir Martin Kusej en tant  qu'homme de théâtre, ce qu'il est avant tout.

Né en 1961, il a commencé à pratiquer cet art dès 1984, et il a depuis mené une carrière qui lui vaut aujourd'hui d'assurer  la direction artistique du Residenztheater de Munich, où il a créé la pièce de Karl Schönherr. 

Ce fut un triomphe, qui lui a valu de remporter le prestigieux prix Nestroy. Les trois acteurs y sont pour beaucoup, surtout  Birgit Minichmayr, une star des scènes germaniques.

C'est elle qui endosse le rôle-titre, et elle est magnifique en femme non pas diabolique, mais possédée par le diable, comme  cela se racontait, autrefois, dans les récits ou les fables.

DES PIÈCES ANCRÉES DANS LA TERRE, LA RURALITÉ ET LEURS IDÉOLOGIES

Autrefois, en l'occurrence, c'était au temps où vivait Karl Schönherr (1867-1943). Médecin devenu écrivain, ce Tyrolien de naissance a connu de très grands succès en tant qu'auteur dramatique, avec des pièces ancrées dans la terre, la ruralité et leurs idéologies. La postérité ne lui a pas pardonné d'avoir célébré les mérites de l'Anschluss, en 1938.

Il était tombé en disgrâce quand Martin Kusej l'a abordé avec Foi et patrie, en 2001, avant d'y revenir avec Le Diable fait femme,  en 2009. Le metteur en scène reconnaît qu'il doit l'approcher "en serrant les dents". Mais il ne veut pas s'empêcher de le monter, par "esprit de contradiction", et, surtout, parce qu'il voit en lui un "écrivain formidable", comme il l'explique dans ses notes
d'intention.

AINSI VIENT LE DIABLE, QUI CHEZ SCHÖNHERR PREND LA FORME D'INSTINCTS

Un homme et une femme vivent "en haut", loin du village où ils rêvent d'avoir une maison. Pour la payer, l'homme se livre à du recel de contrebande. Il demande à sa femme d'être "gentille" avec un douanier qui cherche à les piéger.

Ainsi vient le diable, qui chez Schönherr prend la forme d'instincts et de désirs si profondément ancrés dans l'inconscient qu'ils échappent à l'analyse : ils ressemblent à la terre de tombes qu'un fossoyeur viendrait fendre de sa pioche.

C'est cela qui rend intéressant Le Diable fait femme : avec peu de mots, et des mots de peu, on entre, scène après scène, réplique après réplique, dans un monde ancien, mais que l'on sent toujours là, au fond de soi.

Et puis il y a une surprise. Martin Kusej, qui a la réputation d'être provocateur, se montre ici très sage. Sa mise en scène est aussi rigoureuse et limpide que l'amas de troncs est complexe et inquiétant. Pas une once d'hystérie, nul geste qui prête le flanc à l'idéologie : les comédiens travaillent une matière brute, comme des potiers concentrés sur leur tour. Cela donne un spectacle
apparemment simple, mais qui, en sortant du théâtre, vous suit, telle une ombre dans la nuit.

Der Weibsteufel (Le Diable fait femme), de Karl Schönherr. Mise en scène : Martin Kusej. Avec Werner Wölbern, Birgit Minichmayr, Tobias Moretti. Odéon Théâtre de l'Europe, place de l'Odéon, Paris 6e. Tél. : 01-44-85-40-40. De 6 € à 34 €. A 20 heures.
Durée : 1 h 40. En allemand surtitré. Jusqu'au 23 février.

1416 appréciations
Hors-ligne


Un article de toute la culture

[lien]

Dans Der Weibsteufel, l'actrice Birgit Minichmayr irradie au centre d'un triangle amoureux plus proche du thriller psychologique glaçant façon Strindberg que du vaudeville à la Feydeau. Elle mène une danse de mort que le metteur en scène autrichien Martin Kusej plonge dans une forêt apocalyptique où se jouent, au coeur de massifs troncs dearbres coupés, les inévitables affrontements et revirements d'un jeu de manipulation qui saisit. Créé en 2008 au Burgtheater de Vienne, auréolé de distinctions prestigieuses, et entré au répertoire du Residenztheater de Munich duquel Kusej est le nouveau directeur artistique, le spectacle est en ce moment à l?affiche du théâtre de '?Odéon.

Sur le plateau, un couple, plutôt distant. Une femme affectée par l'absence d?enfant dans le ménage et un homme qui vit de la contrebande de marchandises pour s'offrir une belle maison. Un jeune douanier enquête sur ses agissements douteux du mari qui, pour faire capoter la mission, pousse aveuglément sa femme dans ses bras sans se rendre compte qu'?elle pourrait lui échapper. Karl Schönherr fut au début du XXe siècle un auteur à succès mais contestable idéologiquement, raison pour laquelle il est tombé dans la désuétude et l'oubli après les deux guerres mondiales. Der Weibsteufel, écrite en 1914, a été considérée comme un chef d'oeuvre, mais passe aujourd'hui pour une pièce datée notamment à cause de sa vision ancestrale de la femme dans ses relations avec les hommes. Et si le texte n'est pas plus passionnant que cela, la mise en scène que signe Martin Kusej lui donne un regain d'intérêt et une profondeur et une intensité implacables, axant sa lecture sur la prise de pouvoir de la femme qu'on croyait soumise et qui se sort magistralement des petites combines masculines et mène à leur perte les deux hommes, alliés et concurrents dans leur désir de tirer profit d'elle pour préserver leurs intérêts.

Modèle de rigueur et de précision, la mise en scène de Martin Kusej bénéficie de grands atouts et d'abord d'une très belle scénographie. Martin Zehetgruber propose l'espace abrupte et vertigineux d'une sombre forêt, lieu immémorial et cauchemardesque qui catalyse aussi bien les peurs, les fantasmes, les affects et les instincts des personnages présentés comme des bêtes sauvages à la fois féroces et craintives, meurtries et combatives.

Les comédiens évoluent avec une parfaite maîtrise sur ce cimetière de rondins de bois morts éclairés aux néons. Leur interprétation est sans faille et haute en tension bien que d'une retenue troublante. Werner Wölbern est le mari à la fois faible et robuste, Tobias Moretti fait un sombre et séduisant chasseur, et Birgit Minichmayr, la silhouette frêle dans une robe d'été claire, la voix rocailleuse, elle fait le chaud et le froid en se montrant tour à tour sage et naïve, séductrice rusée, ardente, énigmatique, imprévisible, dangereuse. Une femme diablesse éprise de liberté. Ces trois acteurs, parfaitement dirigés, sont magnifiques.

1416 appréciations
Hors-ligne
Un article du Figaro

[lien]

l'Odéon, Le Diable fait femme, une curiosité spectaculaire
Par Armelle Héliot le 22 février 2013 11h58
Le célèbre Martin Kusej met en scène un auteur méconnu en France dans un décor impressionnant de son collaborateur Martin Zehetgruber. La magnifique Birgit Minichmayr est très bien entourée de Werner Wölbern et de Tobias Moretti.

Spectaculaire ! La scénographie de Martin Zehetgruber est impressionnante. On en a vu, pourtant, des forêts sur ce plateau...Mais ces troncs d'arbre jetés sur le plateau comme par la main d'un géant, cela, jamais....


C'est sur ces passerelles très difficiles qu'évoluent les trois personnages, sous la lumière crue de néons suspendues comme des balançoires au-dessus....

Les déplacements du haut vers le bas -à la fin, revenus sur terre, les protagonistes ne peuvent régler leur conflit que dans la cruauté des couteaux- sont tous difficultueux.

C'est un "terrier", c'est par le mot "terrier" qu'est toujours désigné la maison de la jeune femme et de son mari, le chef des contrebandiers.

Un jour, son mari le lui annonce, un nouveau douanier arrive. Il est jeune. Il veut du galon, littéralement. S'il venait à bout des agissements des contrebandiers, il en gagnerait...

Mais le mari (Werner Wölbern) demande à sa jeune femme de séduire le jeune homme et de l'occuper pendant que ses hommes travaillent...

Est-elle pour autant le diable ? Ou bien est-elle une toute jeune femme malheureuse car elle n'a pas d'enfant ?


Dans un coffre, elle cache des vêtements de bébé...Le douanier (Tobias Moretti) fracasse ce coffre un jour...

Etrange, si l'on y songe, que le mari tolère ce coffre mystérieux...Mais...

La jeune femme est fluctuante. Que veut-elle ? Qu'attend-elle du douanier ? De quoi rêve-t-elle vraiment ? Ne va-t-elle pas se venger des deux hommes ?

Ne dévoilons pas le détail de ce contre dramatisé. Ne prétendons pas que l'oeuvre soit puissante.

On comprend que Karl Schönherr ne soit pas très connu. Ce texte est un conte. C'est l'écriture laconique, telle qu'ici traduite en surtitres, qui impressionne.

Et le haut niveau du jeu. Le spectacle date de 2008. Il a été créé en septembre 2008 au Burgtheater de Vienne. On est ému en pensant que les comédiens ont cinq ans de plus et qu'ils ont toujours la profondeur, la puissance, l'innocence qui conviennent.

Ce qui impressionne, ici, c'est évidemment le traitement, la poigne de Martin Kusej, surtout connu dans le domaine musical, en France, par les journalistes qui suivent les festivals lyriques.

On sait que Martin Kusej reviendra à l'Odéon et c'est bien. Le colosse (on le découvre au salut) possède un trait sûr.

Séquences plutôt que "scènes". Noirs. Déplacement des protagonistes. Musique obsédante qui marque chaque parenthèse de noir avec montée vers la lumière crue des néons. Lumières de Tobias Löffler et Felix Dreyer.

Musique de Bert Wrede. Roulements de batterie. Montée d'angoisse, suspens.

Phrases comme des couteaux qu'on lance. Enigmes. Ce sont des taiseux de la montagne, ces personnages. Même si le mari veut acheter pour signer sa réussite et sans doute aussi pour l'amour fruste de sa femme, une maison sur la place du village, en bas, loin du "terrier", il est bien incapable de penser vraiment ses sentiments et de les exprimer.

Sans doute y-a-t-il chez l'écrivain, quelque chose d'un Ramuz. Une économie des mots à la manière d'Histoire du soldat -et pas seulement parce qu'il est question de diable...

Mais quel écrivain ! Né au Tyrol. Mort à Vienne. 1867-1943. Juste le temps de se déclarer en faveur de l'Anschluss. Epuré parce que sa femme était juive. Nous apprend-on dans le dossier de presse de l'Odéon.

Tout cela jeté rapidement. Il y aurait une vraie analyse à faire, certainement. Mais le spectacle est joué quatre fois. Autant saluer les artistes !

Et ils sont formidables. Pardon à Werner Wölbern car pas de photo libre pour ce blog. Il est impressionnant car il dessine un personnage dense et sans consistance pourtant. Comme un personnage de conte fantastique.

On devine la brutalité de celui qui n'a d'autre nom que "le mari". Une virilité d'apparence, mais on apprend bien qu'il y a quelque chose comme un problème.

Même chose pour le personnage du douanier. Tobias Moretti ne craint pas les faiblesses du jeune homme. Jusqu'aux pleurs annoncées. Il a le charme, la versatilité.

Quant à Birgit Minichmayr, elle est époustouflante. Elle a la beauté blonde idéale. Elle a la grâce. Elle est opaque autant qu'elle dégage sa lumière. Elle fascine. Une très grande comédienne qui a reçu de très nombreux prix pour le théâtre comme pour le cinéma.

Sa voix superbe, sa précision, comme celles de ses partenaires, tout cela fait de Le Diable fait femme, une sorte de pièce musicale, étrange, fascinante et en même temps qui nous apparaît comme une curiosité.

Quatre représentations, c'est court. Mais on annonce d'autres mises en scène de Martin Kusej. A suivre donc.

Théâtre de l'Odéon, salle du 6ème arrondissement, à 20h jusqu'au 23 février (01 44 85 40 40). Durée : 1h30. Surtitres très lisibles en haut, peu lisibles au fond (à cause des néons et du niveau de lumière du plateau).

Catégories: Critique Tags: Birgit Minichmayr, Der Weibsteufel, Karl Schönherr, Martin Kusej, Martin Zehetgruber, Théâtre de l'Odéon, Tobias Moretti, Werner Wölbern

11 appréciations
Hors-ligne




J'ai vu la pièce hier à Paris. La mise en scène est effectivement impressionnante, extrêmement efficace, et les acteurs magnifiques!

Ich sah das Stück gestern in Paris. Die Inszenierung ist beeindruckend, extrem effizient, und die Schauspieler sind fabelhaft. :pe:

I saw the play in Paris yesterday. The staging is impressive, extremely efficient, and the actors are fabulous.


1416 appréciations
Hors-ligne


Un article de "Liberation"

http://www.liberation.fr/theatre/2013/02/21/weibsteufel-trio-tyrolien-a-l-odeon_883625

«Weibsteufel», Trio tyrolien à l?Odéon


Le contrebandier, sa femme et le douanier : les trois personnages de la pièce de l?Autrichien Karl Schönherr (1867-1843) pourraient être des héros de conte. Rural (son Tyrol natal), tragique, merveilleux, l?univers de Schönherr a des accointances avec le symbolisme de Maeterlinck. Particulièrement réussie, la mise en scène de Martin Ku?ej donne à Der Weibsteufel («le Diable fait femme»), présenté jusqu?à demain à l?Odéon, une dimension à la fois comique et cauchemardesque. Dans un enchevêtrement monumental d?arbres abattus, les acteurs, Werner Wölbern (le mari), Birgit Minichmayr (la femme) et Tobias Moretti (le douanier) jouent une partie de cache-cache où tel est pris qui croyait prendre. Trois monstres enfermés dans une forêt fantastique, qui est aussi un miroir du pire en chacun. Schönherr jouit d?une réputation quelque peu sulfureuse (il ne fut pas un antinazi fanatique). Son théâtre vaut le détour. R.S.

1416 appréciations
Hors-ligne


Une présentation audio de 'der Weibsteufel' à Paris
[lien]

1416 appréciations
Hors-ligne
Une critique de "un fauteuilpourlorchestre"


[lien]

Une crise s'ourdit pour se jouer à demi-mot, quelque part dans les Alpes autrichiennes. L'homme est contrebandier. Un chasseur alpin (le douanier) a été chargé d'entrer dans les bonnes grâces de son épouse pour recueillir des preuves. Le trafiquant pousse donc sa femme à séduire l'enquêteur, afin de faire échouer sa mission. Mais les affects des uns et des autres, d'abord simulés, vont déchaîner des forces qu'ils ne soupçonnaient pas, et la femme, après avoir été manipulée dans la partie que les deux hommes jouent à distance l'un contre l'autre, finit par retourner la situation.

Un triangle amoureux 
Karl Schönherr, un médecin né dans un petit village du Tyrol à la fin du XIXe siècle, se passionne pour la littérature et abandonne son activité principale pour se consacrer entièrement à l4écriture : Foi et patrie (Glaube und Heimat), 1910 ; Peuple en détresse (Volk im Not), 1916 ; Le Médecin des pauvres (Der Armendoktor), 1927 et Der Weibsteufel (La diable fait femme) que Martin Kusej décide de mettre en scène avec un goût prononcé pour les auteurs autrichiens. Il fait grand oeuvre de Der Weibsteufel, une pièce au langage simple, efficace et d'une telle évidence qu'elle nous renvoie à une perspective inattendue du monde et de l'expérience que l'on en fait. L'intensité dramatique de la pièce observe un crescendo cousu de fil blanc et pourtant on se laisse porter par la vague de violence de la proposition. Rien d'étonnant dès le premier acte, et pourtant Schönherr nous tient en haleine jusqu'à la mort de l'?époux poignardé par le douanier ! Et cette femme, si énigmatique !
A-t-elle une âme pour servir les désirs les plus vils de son époux ? Se soumettre à ses combines de petit contrebandier du dimanche ? Selon une arithmétique très complexe dessinée par un triangle au sein duquel les affects sont puissamment exacerbés, les personnages, interprétés par des comédiens parvenus au sommet de leur art, dégagent une puissance aussi naturelle que dévastatrice.

L?arbre qui cache la forêt
Martin Zehetgruber signe une scénographie magistrale, plaçant de gigantesques troncs d'arbre entremêlés sur la scène et sur lesquels les personnages évoluent 1h30 durant. Dans cette histoire où rien n'est acquis et où les personnages sont en permanence sur le fil, l'enchevêtrement des troncs d'arbres renforce cette mise en abyme que le metteur en scène privilégie tout particulièrement en recourant à un savant jeu de lumières oscillant entre le noir complet ou l'opacité ambiante. Le passage d'une scène à l'autre augmente ainsi la tension dramatique et donne à chaque comédien la possibilité d'apparaître de nulle part comme pour tenter d'échapper à une situation inextricable ! Tout comme cette femme, qui finalement évolue tout au long de la pièce et qui de son pauvre coffre -contenant des souvenirs de mère dévastée - défoncé d-un coup de poing par le douanier, prendra sa revanche sur cet esprit ambitieux en lui offrant ses cuisses brûlantes ! Elle aime toujours son époux mais différemment !

La pièce de Schönherr est servie par une distribution d'exception, circulant sur les troncs dans un équilibre virtuose : Birgit Minichmayr, Ours d'argent de la meilleure actrice au Festival de Berlin et double lauréate du prix Nestroy ; Tobias Moretti dont la carrière d'acteur lui a valu de nombreuses récompenses comme le Bayerischer Filmpreis, le Goldener Löwe ou le Grimme preis - et Werner Wölbern connu pour ses mises en scène et en résidence en 2011/12 au Residenztheater de Munich.
Quatre représentations pour une pièce d'exception comme celle-ci, c'est trop peu et l'on espère que le Théâtre de l'Odéon aura l'occasion de reprogrammer ce chef d'oeuvre.

Der weibsteufel ? Le Diable fait femme
De : Karl Schönherr
Mise en scène de Martin Kusej
Scénographie : Martin Zehetgruber
Costumes : Heide Kastler
Musique : Bert Wrede
Lumière: Tobias Löffler et Félix Dreyer
Dramaturgie : Sebastian Huber
Avec : Birgit Minichmayr, Tobias Moretti, Werner Wölbern

1416 appréciations
Hors-ligne

Un article dans le journal "La Terrasse"

[lien]


Vous ne disposez pas des permissions nécessaires pour répondre à un sujet de la catégorie Tobias sur scène
auf der Bühne
2
.

Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 83 autres membres